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4 juin 2025Les herbiers, de l’outil botanique à l’objet d’art
Pour mieux connaître les plantes, les reconnaître, les conserver ou les collectionner, l’être humain a toujours réalisé des herbiers, dans un but scientifique mais également artistique.

Planche de Jean-Baptiste Lamarc
Outre l’outil de connaissance scientifique et botanique, l’herbier est aussi un moyen de tisser un lien avec la plante pour apprendre qui elle est, où elle pousse, pour l’admirer et créer avec, pour réaliser des petites collections de ce qui nous entoure…
Pour rappel, un herbier est une collection de plantes séchées à plat et attachées sur une feuille.
Petite histoire des herbiers
À la suite de la découverte de l’Amérique et des expéditions coloniales, des milliers de spécimens végétaux sont ramenés en Europe. À la Renaissance, les botanistes fondent des cabinets d’histoire naturelle. Ils annotent des échantillons, décrivent de nouvelles espèces et constituent ainsi des collections de plantes pour la recherche et pour les Rois. L’herbier de Joseph Pitton de Tournefort, botaniste au Jardin du Roi en 1683, est à l’origine d’un grand développement de la botanique.
À l’époque, de nombreux travaux sont réalisés par des botanistes de la cour royale. Des plantes sont conservées en herbier mais également traduites en gravures jusqu’au XVIe siècle. C’est ainsi que l’on retrouve des ouvrages historiques de gravures botaniques, d’herbiers peints ou même d’herbiers avec la technique de l’impression naturelle.
L’herbier au service de la science et de l'art

© MNHN/PNI - X. Desmier
Un outil de connaissance botanique
Les naturalistes ont décrit à ce jour 2,1 millions d’espèces. Il en reste sans doute 8 à 30 millions à décrypter !Aujourd’hui encore, les scientifiques, botanistes, écologues voyagent à travers de monde pour recenser le vivant et étudier les plantes. Ces explorations permettent de mieux connaître les espèces de plantes, de les nommer, les étudier et de les conserver. On découvre encore aujourd’hui des centaines d’espèces chaque année, tant le végétal est infini.
Les milliers d’observations sont conservées en herbiers botaniques, outil de transmission et de conservation de la plante, dans une démarche scientifique. Face à l’effondrement de la biodiversité, c’est également un outil de protection de la plante.
https://www.mnhn.fr/fr/la-planete-revisitee
Un mode de conservation de la plante
Les herbiers sont également des lieux de stockage, comme des musées, où sont conservé des collections scientifiques de plantes. Il existe de nombreux herbiers dans le monde qui conservent des milliers de plantes à travers les siècles (85 herbiers en France dont les 3 principaux sont à Paris, Lyon et Montpellier). Les herbiers historiques représentent des outils précieux pour les chercheurs, car ils témoignent de concepts de classifications particulières et contiennent de nombreux spécimens de référence.
L’herbier du Muséum national d’histoire naturelle de Paris, comporte ainsi 8 millions de spécimens de plantes séchées, de champignons, d’algues, dans un but de conservation et d’étude par des chercheurs internationaux.
L’inventaire du monde. Les herbiers anciens de l’Institut national de France

Un outil de connaissance des plantes
À notre échelle, s’intéresser aux herbiers est un outil de connaissance et d’observation de la vie qui nous entoure. Constituer des planches d’herbier permet de prendre le temps de rencontrer la plante, de l’observer en détail dans ses feuilles, ses fleurs et de la ramener pour s’en souvenir.
Dans les herbiers classiques et botaniques, la plante est séchée à plat, sous presse, et positionnée sur le papier par de fines bandelettes.
Elle est accompagnée d’informations et d’annotations botaniques et scientifiques : le lieu, la date de récolte, des critères de reconnaissance, …
Un moyen de création artistique
Outre l’outil botanique, l’herbier peut également être un mode d’exploration artistique et sensoriel de la plante. Cartes, tableaux artistiques, explorations des couleurs, des formes, peuvent être réalisés avec des plantes séchées.
Cela peut constitué un bel outil d’observation pour petits et grands, afin de se relier à la beauté du monde végétal, comme ce mini herbier plastifié, réalisé par Sophie Bernard, notre chargée des animations.
L’art floral est aujourd’hui très développé et la place aux couleurs, aux mélanges des plantes est infini de créations !

Comment réaliser votre herbier



Les techniques pour réaliser son herbier
La récolte. Les plantes sont cueillies par temps sec et ensoleillé pour minimiser le taux d’humidité de la plante. Ne cueillez jamais les plantes protégées ou en tension (exemple des orchidées).
La presse. Pour bien mettre à plat la plante, une presse est utilisée. On peut en fabriquer une simplement avec deux planches de bois format A3, A4 ou A5 (selon ce que l’on souhaite comme rendu), des cartons du même format et du papier journal non brillant. Pour serrer la presse, on peut percer 4 trous et visser des écrous aux 4 coins des planches / utiliser des sangles / ou poser de gros livres dessus.
La mise sous presse. Sur une planche de bois, alterner une couche de carton puis une couche de papier journal (3 à 4 feuilles). Placer la plante à plat, lui donner la forme désirée, couper les feuilles ou morceaux en trop. Recouvrir de papier journal puis d’un carton. Alterner ainsi les couches si l’on souhaite presser plusieurs plantes. Finir par l’autre planche de bois. Serrer le tout. Veiller à changer régulièrement les feuilles de papier journal qui se chargeront d’humidité.
Une plante bien séchée garde normalement sa couleur. Il se peut que certaines soit plus difficiles que d’autres à sécher et c’est l’expérience et l’expérimentation qui vous feront apprendre. Par exemple, certaines plantes fragiles comme le plantain ou les fleurs de romarin noircissent très vite. Nous avons fait l’expérience de placer les feuilles de plantain au déshydrateur et les fleurs de romarin au frigo sous presse, afin de conserver leur couleur.
Le collage en herbier. Privilégier un papier relativement épais de 160 à 200 g/m2. Utiliser du papier gommé découpé en fine bandelette et en placer à différents endroits de la plante. Pour un tableau artistique, la colle en bâton ou la colle blanche vinylique appliquée au pinceau sont idéales.