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Le potager, ce généreux donateur
Depuis l’âge de Pierre, l’homme vit dans l’abondance, selon l’anthropologue Marshall Sahlins. Et dans le même, le gaspillage alimentaire n’a jamais été aussi vaste. Dans cet article éco-responsable, apprenez à dompter l’abondance de votre potager, sans perdre votre sourire.

© AdobeStock/Andrii Zastrozhnov
Chers jardiniers en herbe ou confirmés, avouons-le : il y a des années où notre potager semble avoir lu La Fontaine un peu trop sérieusement. « Rien ne se perd, tout se transforme », nous murmure-t-il, tandis que les courgettes envahissent la cuisine, que les tomates rougissent à vue d’œil et que les haricots verts… ne veulent plus s’arrêter de pousser.
La 6e Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages de nourriture a eu lieu le 29 septembre 2025. C’est l’occasion idéale pour vous rappeler les bases et les astuces pour être un jardinier exemplaire. Dans cet article éco-responsable apprenez à dompter l’abondance de votre potager, sans perdre votre sourire.
Diversifier son potager : une stratégie maline pour réduire le gaspillage alimentaire
Les surplus de légumes, les récoltes mal calibrées ou les variétés trop productives finissent parfois au compost, faute de pouvoir être consommées à temps. Pourtant, une approche réfléchie de la diversification des cultures permet non seulement d’optimiser les rendements, mais aussi de limiter ces pertes, tout en enrichissant l’assiette. L’idée n’est pas de cultiver moins, mais de cultiver mieux, en jouant sur la complémentarité des espèces, la rotation des cultures et l’échelonnement des semis.
La clé réside dans la planification d’un potager varié, où chaque plante trouve sa place en fonction de ses besoins et de son cycle de croissance. Associer des légumes-feuilles (épinards, blettes) avec des légumes-racines (carottes, radis) ou des légumes-fruits (tomates, courgettes) permet de répartir les récoltes sur plusieurs mois. Par exemple, les radis, à croissance rapide, peuvent être semés entre les rangs de carottes, plus lentes à mûrir, optimisant ainsi l’espace et évitant les pics de production ingérables. De même, alterner des cultures de printemps (petits pois, salades) avec des cultures d’automne (choux, poireaux) assure une production étalée dans le temps, réduisant les risques de surplus ponctuels.

Butte en lasagne avec des légumes perpétuels, Les Terrasses du Bosquet
Le choix des variétés est tout aussi crucial. Privilégier des plants à rendement modéré ou des espèces moins productives mais plus résistantes aux maladies, évite de se retrouver submergé par des quantités invendables ou inutilisables. Les légumes « perpétuels » ou vivaces, comme les artichauts, les asperges, le chervis ou certains aromates (oignon, ail ou échalote perpétuels), offrent l’avantage de produire sur plusieurs années sans nécessiter de semis annuels, tout en limitant les excédents. Les choix sont larges, il ne faut pas hésiter non plus à explorer les fruits et légumes oubliés afin de découvrir d’autres saveurs (gombo, yacon, chenopode, …).
La technique des cultures intercalaires ou des semis échelonnés (par exemple, semer des haricots après une récolte précoce de pommes de terre) permet également de maximiser l’utilisation de l’espace et d’étaler les périodes de récolte. Ainsi, au lieu d’avoir une montagne de courgettes en août, on peut en récolter de manière régulière jusqu’en septembre, en semant plusieurs variétés à des dates différentes.
En somme, diversifier son potager est un acte à la fois écologique et gourmand. Cela demande une certaine organisation, mais les bénéfices sont multiples : moins de gaspillage, une alimentation plus variée, et une reconnexion avec les rythmes naturels de la terre. Et si, malgré tout, les paniers débordent encore, pourquoi ne pas partager ses récoltes avec des voisins ou des associations locales ? Le potager devient alors un levier de solidarité, bien au-delà de ses carrés de terre.

Les légumes moches, adoptez-les ! © AdobeStock / smirart
La cuisine anti-gaspi
Imaginez la scène : vous ouvrez la porte de votre cuisine, et là, sur la table, s’étale le butin du jour. Des concombres aussi longs que des bâtons de ski, des tomates qui rougissent de honte à force d’être ignorées, et des haricots verts qui, visiblement, n’ont pas compris que la saison était presque finie. Face à ce tableau, deux options s’offrent à vous : paniquer et appeler en urgence tous vos contacts pour leur donner des « petits cadeaux » comestibles, ou bien relever vos manches et transformer ce surplus en une aventure culinaire aussi savoureuse qu’écoresponsable.
La cuisine anti-gaspi, c’est un peu comme un jeu télévisé : il faut de l’imagination, un brin de folie, et surtout, ne pas avoir peur de mélanger les saveurs. Prenez les courgettes, par exemple ; ces reines de l’invasion estivale peuvent se glisser partout : râpées dans un cake, coupées en dés dans une ratatouille, ou même transformées en spaghettis grâce à un économe. Et si vraiment vous en avez encore un peu, osez la confiture de légumes. Les tomates, elles, se prêtent à tous les excès : coulis, séchées au soleil, en chutney avec des oignons, ou même en glace pour les plus audacieux. Quant aux haricots verts, ils se congèlent à merveille, mais peuvent aussi se cacher dans des tartes, des quiches, ou des salades composées.
Le secret ? Ne pas voir ces légumes comme un fardeau, mais comme une toile blanche. Un reste de purée de potiron ? Ajoutez de l’eau bouillante, du curry et de la noix de coco, et le voilà transformé en soupe thaïe. Des fanes de radis ou de carottes ? Mixez-les avec de l’ail, de l’huile d’olive et des noix pour un pesto surprenant. Même les épluchures peuvent devenir des chips croustillantes au four, ou un bouillon maison bien plus goûteux que ceux du commerce.

Les enfants, toujours prêts pour mettre la main à la patte, au jardin comme en cuisine !
Les recettes « fourre-tout »
Ne pas négliger non plus les fameuses recettes « fourre-tout », ces sauveuses de dernière minute. La quiche, par exemple, est une alliée de choix : une pâte brisée, des œufs, de la crème, et hop, vous y jetez tout ce qui traîne – poivrons, oignons, courgettes, fromage à râper.
Le gratin, lui, est encore plus indulgent : une couche de légumes, une couche de béchamel, un peu de fromage, et le tour est joué. Même les enfants, souvent réticents devant les légumes, se laissent tenter par un bon gratin doré.
Enfin, n’oubliez pas que cuisiner ses surplus, c’est aussi l’occasion de créer des souvenirs. Organisez un atelier « cuisine anti-gaspi » avec vos enfants ou vos amis, lancez des défis (« Qui invente la meilleure recette avec ces trois légumes ? »), ou préparer des bocaux maison pour offrir à Noël. Vous verrez, vos proches seront bien plus reconnaissants d’un pot de coulis de tomates fait maison que d’une énième paire de chaussettes.
Alors, la prochaine fois que votre potager vous submerge, souvenez-vous : vous n’avez pas un problème de surplus, vous avez une opportunité de créativité. Et qui sait ? Peut-être découvrirez-vous votre prochain plat préféré.