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27 septembre 2025La pomme, entre fragilité et enjeux d’avenir immenses
La pomme, entre fragilité et enjeux d’avenir immenses
La pomme, fruit préféré des Français et le plus cultivé dans nos vergers, se révèle être un véritable paradoxe, entre vulnérabilité et transition durable des cultures.
- Pomme
- Malus domestica
- Rosaceae
- Floraison au printemps, récolte en automne

Notre pommier (Malus) au cœur du jardin médiéval.
Si la pomme trône en tête des fruits les plus consommés en France, sa culture intensive la place également en première ligne des cultures les plus traitées en Métropole, notamment en raison du champignon Venturia inaequalis, responsable de la maladie de la tavelure. Cet article explore les origines de cette vulnérabilité, les enjeux liés à la réduction des pesticides et les pistes prometteuses pour une pomiculture plus durable.
La pomme et la tavelure : une longue histoire
La tavelure et le pommier ont une longue histoire commune, qui remonte à l’Asie centrale, berceau de la domestication du pommier, il y a 7 000 ans. Tout au long du processus de domestication du pommier, le champignon a gagné en virulence pour s’adapter aux gènes de résistance du pommier introduits par hybridations successives.
Des travaux de recherche génétique des populations ont révélé que la tavelure partage avec l’espèce Malus sieversii, le même centre de diversité génétique situé dans les montagnes du Tian Shan, à la frontière du Kazakhstan et de la Chine où il continue de coévoluer avec son agent pathogène.
Cycle de vie du champignon
Le champignon parasite présent sur les feuilles, continue à se développer après leur chute au sol. Il se reproduit pendant l’hiver et au printemps émet des ascospores, résultant d’une recombinaison génétique et donc au pouvoir pathogène diversifié. Elles sont projetées sur les jeunes feuilles en développement : c’est la contamination primaire. Elle sera suivie de contaminations secondaires par génération de conidies qui contamineront aussi les fruits.
La suppression et l’incinération des feuilles et des fruits tombés au sol est une bonne façon de réduire, voire d’éliminer, les contaminations primaires.
Les défis de la lutte contre la tavelure
Un pommier malade va produire des fruits tachés ou crevassés qui ne sont pas nocifs pour la santé humaine, mais ne peuvent être ni vendus ni exportés. Pour protéger leurs récoltes, les arboriculteurs ont recours à des traitements fongicides répétés (de 20 à 40 fois par an), bien qu’efficaces, ils ont un impact environnemental non négligeable.
La tavelure voyage et mute à travers les habitats sauvages (pommiers sauvages, arbres abandonnés…). La diversité génétique du champignon complique encore la lutte contre la maladie. Il est capable de s’adapter rapidement aux défenses du pommier, ce qui rend les nouvelles obtentions résistantes vulnérables à long terme.
Les variétés les plus cultivées sont également les plus sensibles au champignon. Dans un monde où les consommateurs et les distributeurs privilégient les pommes sans défaut, imaginer se passer des fongicides de synthèse paraît aujourd’hui illusoire.
Des solutions pour un avenir durable
Face à ces défis, des solutions existent, mais elles nécessitent une approche globale. La transition vers une arboriculture plus durable nécessite un effort collectif de la part des producteurs, des chercheurs, des décideurs politiques et des consommateurs.:
- Diversification des variétés : planter des variétés moins sensibles à la tavelure, comme la De l’Estre, la Belle de Boskoop ou la Chanteclerc, mais également une diversité variétale au sein d’un même verger permet de réduire la pression de la maladie.
- Recherche de nouvelles variétés : les scientifiques travaillent activement à développer des variétés résistantes, en utilisant les ressources génétiques des pommiers sauvages.
- Méthodes alternatives : des pistes innovantes, comme la perturbation de la reproduction du champignon, sont explorées pour réduire la dépendance aux pesticides.
- Information des consommateurs : sensibiliser le public aux enjeux de la production de pommes peut encourager l’achat de variétés moins traitées, ou moins parfaites.
La transition vers une agriculture moins dépendante des pesticides est un défi complexe, mais réalisable. Elle exige une approche systémique, combinant recherche scientifique, innovation variétale, pratiques agricoles durables et engagement des consommateurs. En investissant dans des variétés résistantes, en explorant des alternatives biologiques et en sensibilisant le public, nous pouvons préserver la santé de nos vergers et de nos écosystèmes, tout en continuant à savourer le fruit de nos efforts.